L'expression « mesurer à l'aune de » fait explicitement référence à l'aune (bâton servant au mesurage) Au Moyen Âge, des étalons métalliques étaient souvent placés sur des façades d'églises ou de bâtiments publics pour servir aux marchands et aux artisans de mesure officielle de l'aune, comme ici sur le mur de la mairie de Duderstadt en Allemagne. | © Wikimedia Commons

Expression : mesurer à l'aune de (définition, signification, origine, étymologie)

 

Définition et signification de l'expression mesurer à l'aune de

Juger par rapport à quelque chose, estimer par comparaison avec, en tenant compte de, prendre quelque chose en considération, à la lumière de.

Origine et étymologie de l'expression mesurer à l'aune de

Étymologiquement, le mot aune provient probablement d'alina signifiant « avant-bras » en Vieux-francique, une ancienne langue germanique. Au cours du Moyen Âge, la forme germanique est latinisée en alnus vers le XIe de l'ère chrétienne.

Historiquement, le terme aune est attesté pour la première fois en langue d'oïl dans la Chanson de Roland vers l'an 1100 sous la forme alne, puis vers 1180 dans le Roman de Renart (récits disparates rédigés par différents auteurs) avec la graphie actuelle et voulant dire « bâton long d'une aune servant à mesurer ».

L'expression « mesurer à l'aune de » fait explicitement référence à l'aune (bâton servant au mesurage), une unité de mesure abolie en France par la loi du 4-8 juillet 1837 relative aux poids et mesures. Avant cela, outre les autres nombreuses mesures de l'époque (perches, lieues, toises...), l'aune différait selon chaque région française. Par exemple, si l'aune de Paris avait une longueur de « 3 pieds 7 pouces 8 lignes de Pied du Roy » – soit précisément 1,188 mètre conformément à l’Édit royal de François Ier –, cette unité de mesure pouvait être comprise entre 0,513 et 2,322 m selon le métier exercé, la région ou le pays de résidence.

Ces complications apparaissaient de fait très problématiques pour des commandes de matériaux de construction en provenance de différentes contrées du royaume de France. Cela explique sans doute la tentative du roi François Ier d'harmoniser les mesures de longueur en proposant notamment une aune commune à l'ensemble du pays en 1540.

Concrètement, la mesure d'un même objet pouvait donner des nombres d'unités différents, en fonction de l'aune utilisée. Par extension, la locution médiévale mesurer à son aune apparait, signifiant « juger par rapport à soi-même », donc par rapport à l'aune que l'on connait et/ou qu'on a l'habitude d'utiliser.

Désormais, le sens contemporain de l'expression « mesurer à l'aune de » indique que le jugement est fait d'après les éléments ou les informations dont on dispose.