Il n'existe aucune certitude quant à l'origine de l'expression passer une nuit blanche Il n'existe aucune certitude quant à l'origine de l'expression « passer une nuit blanche » | © cottonbro studio

Expression : nuit blanche (définition, signification, origine, étymologie)

 

Définition et signification de l'expression nuit blanche

Nuit sans sommeil ; nuit durant laquelle une personne est restée éveillée ; nuit complète sans sommeil, sans avoir dormi la journée précédente.

Origine et étymologie de l'expression nuit blanche

L’origine de l'expression « nuit blanche » est incertaine, mais il existe néanmoins plusieurs hypothèses.

Chronologiquement, l'expression remonte au XVIIIe siècle, une attestation en date du 30 octobre 1771 dans une lettre de la marquise du Deffand, Marie de Vichy-Chamrond alors âgée de 74 ans, adressée à l'homme politique et écrivain anglais Horace Walpole. Elle y écrit notamment ceci :

« Vous saurez que j'ai passé une nuit blanche, mais si blanche, que depuis deux heures après minuit que je me suis couchée, jusqu'à trois heures après-midi que je vous écris, je n'ai pas exactement fermé la paupière ; c'est la plus forte insomnie que j'ai jamais eue. »

Étant donné qu'aucune autre trace antérieure dans la littérature française n'a été trouvée, certains auteurs attribuent donc l'invention de cette expression à la marquise. Cependant, on la retrouve dans des ouvrages postérieurs, moins d'un an et demi après. Se pose alors la question de savoir s'il s'agit alors d'une expression existante mais encore peu usitée.

L'hypothèse certainement la plus véridique est celle se référant au qualificatif blanc, qui indique le plus souvent le « manque » dans la langue française. En effet, en français, nombreuses sont les expressions comportant le terme blanc/blanche pour indiquer l'absence ou le manque au sens large. Par exemple :

  • « vote blanc », qui consiste lors d'une élection à déposer dans l'urne une enveloppe vide ou comportant un bulletin blanc dépourvu de tout nom de candidat, et donc de ne voter pour aucun des candidats ;
  • « faire chou blanc », qui indique une absence de résultats, ne pas réussir ;
  • « tir à blanc », qui désigne un tir effectué avec une arme à feu sans balle réelle, cette dernière étant remplacée par une balle factice sans ogive métallique mais dont la détonation très réaliste ;
  • « mariage blanc », une union de deux personnes dans un but précis (financier, administratif...), autre que celui de vivre ensemble une relation conjugale normale et donc sans relation amoureuse sincère ;
  • « voix blanche », qui signifie parler d'une voix sans timbre, avec une sonorité peu marquée ;
  • « examen blanc », qui fait référence à un examen de préparation avant l'épreuve officielle et donc sans conséquence (la note obtenue n'est pas prise en compte).

Les exemples ne manquent pas, permettant assez aisément d'imaginer qu'une « nuit blanche » est simplement une nuit sans sommeil.

Selon de nombreuses (et peu sûres) sources sur Internet, l'expression se référerait également aux chevaliers qui, la nuit précédant leur adoubement, devaient rester éveillés dans une tenue entièrement blanche. Historiquement, au XIIe siècle, la « veillée d’armes » est une cérémonie pour devenir chevalier et, avant d’être adoubé, les prétendants (généralement de jeunes écuyers âgés de 17 à 21 ans) doivent d’abord prendre un bain afin de se purifier. La veille du grand jour, le futur chevalier passe ainsi une nuit éveillé à prier et à jeûner. Ayant revêtu la tunique des candides – un habit blanc reflétant sa pureté et la clarté de son esprit –, le futur chevalier s’installe ensuite dans une chapelle face à l’autel et prie jusqu’au petit matin. Cependant, il apparait peu vraisemblable que cette explication soit la bonne, la première trace écrite de l'expression remontant à la moitié du XVIIIe siècle, plus de six cents ans après la coutume de chevalerie décrite précédemment.

Dernière hypothèse, fortement probable car respectant la chronologie, provient de la ville de Saint-Pétersbourg, en Russie. Durant le règne d'Élisabeth Ire puis de Catherine II, la cour royale de la capitale russe de l'époque est fréquentée par de très nombreux Français, plus particulièrement en été. À cette période de l'année et à cette latitude, le soleil ne se couche jamais complètement, et les habitants non plus. Tout au long de ces nuits où l'obscurité totale n'existe pas, les fêtes et les bals battent leur plein. La nuit devient en ce sens « doublement blanche » : par l'absence de sommeil des convives, et par la luminosité de la nuit. Ainsi, il est fort possible que l'expression « nuit blanche » ait été rapportée dans l'Hexagone par de joyeux noctambules français revenus de Russie.