La Jeune Fille à la perle, réalisée par le peintre néerlandais Johannes Vermeer vers 1665 La Jeune Fille à la perle, réalisée par le peintre néerlandais Johannes Vermeer vers 1665 | © Wikimedia Commons

Le tableau La Jeune Fille à la perle recréé par intelligence artificielle

 

Un musée néerlandais expose une oeuvre inspirée de La Jeune fille à la perle de Johannes Vermeer entièrement conçue par l'intelligence artificielle Midjourney et l'aide du logiciel Photoshop.

Aux Pays-Bas, au Mauritshuis Museum de La Haye, de nombreux amateurs d'art ont été surpris d'y découvrir une oeuvre conçue à l'aide de Midjourney, un outil de création par intelligence artificielle (IA). En effet, l'histoire débute lorsqu'un des plus célèbres tableaux de la galerie, La Jeune fille à la perle de Johannes Vermeer, est prêté au Riksjmuseum d'Amsterdam dans le cadre d’une exposition temporaire.

Rien d'inhabituel à cela, les échanges et autres prêts étant courants entre musées. Mais, ce qui l'est sans doute moins, c'est de remplacer une oeuvre aussi emblématique par une « copie spéciale », en lieu et place de l'originale durant son absence.

Pour ce faire, le musée lance alors un appel à projets en demandant aux artistes de tous horizons de créer leur « propre Jeune Fille à la perle ». Sur les 3 500 propositions, le musée n'en présélectionne que 175. Parmi les créations retenues, un festival de revisites : d'une Jeune fille dessinée sur la carte de Manhattan en passant par l'épi de maïs orné d'une coiffe à une version en laine.

En récompense, le musée décide d'accrocher sur ses murs les versions imprimées des cinq premiers du concours. Seulement voilà, parmi ces cinq gagnants, un tableau en particulier semble sortir du lot, étant ultra réaliste et conçu par une IA et le logiciel Photoshop.

La Jeune Fille à la perle, version intelligence artificielle

La Jeune Fille à la perle, version intelligence artificielle | © Julian Van Dieken.

Les responsables du musée ne s'attendaient certainement pas à susciter un tel émoi parmi les visiteurs. Et les commentaires en ligne ne sont pas moins outrés, qualifiant cette oeuvre numérique d'« insulte » et son créateur de « concurrent malhonnête ». Car pour beaucoup d'amateurs d'art, il s'agit d'un manque total de soutien envers les « vrais artistes ».

Julian Van Dieken, la personne à l'origine de cette peinture numérique, a été contraint de s'exprimer, se justifiant notamment sur les réseaux sociaux face aux attaques source . Il déclare que cette version a été conceptualisée non pas pour le concours, mais pour son compte dédié à l'utilisation de l'intelligence artificielle dans l'art. De plus, il précise bien qu'il n'a à aucun moment tenté de cacher le processus créatif lors de sa candidature.

De son côté, le musée a également fait son mea culpa en reconnaissant notamment « ne pas avoir pris en compte les questions éthiques liées à l'IA au moment du choix » et qu'aucune somme d'argent n'est versée aux gagnants.

Cette version ultra réaliste de La Jeune Fille à la perle a créé la polémique

Cette version ultra réaliste de La Jeune Fille à la perle a créé la polémique | © Julian Van Dieken.

À noter que ce n'est pas la première fois qu'art et intelligence artificielle entrent en conflit, une autre oeuvre également générée par Midjourney ayant remporté le 1er prix d'un concours d'art du Colorado (États-Unis).

Cette situation a donc le mérite de soulever une autre problématique, celle relative aux droits d'auteur et à la génération d'images par IA. Car, à la différence des êtres humains, une intelligence artificielle ne crée jamais à partir de rien. En effet, l'IA a besoin de puiser au sein de millions d'images disponibles sur le web, et pas toujours libres de droits. De plus, le créateur d'une image numérique via une IA peut-il être considéré comme le véritable auteur ? Dans le cas contraire, il apparait juridiquement compliqué d'attribuer des droits d'auteur à une intelligence artificielle.